Le soleil venait de se coucher, lorsque le rouquin entra en scène dans le vaste royaume qu'était Balbadd. Il marchait d'un pas lent et prudent, sur les petits chemins que lui offraient les taudis. Alors que ses vêtements -ou sa carrure- avivaient la curiosité des passants, d'autres, en revanche, lui crachaient presque dessus.

Masrur n'était pas là par hasard, non. Il avait reçu une mission bien précise de son roi, qui lui avait paru plutôt inquiet. Ce dernier avait entendu dire qu'un marchant de reliques s'était installé à Balbadd et, prévenant comme il l'était, il avait émis l'hypothèse que Al-Thamen y était peut-être lier. Peut-être était-il parti trop loin dans son raisonnement, mais il était préférable d'en avoir le cœur net.

Enfin, tout cela expliquait bien dans choses, mais pas tout non plus. Pourquoi Sinbad avait choisit Masrur pour cette mission ? Après tout, avez-vous déjà vu le roi sans sa garde personnelle ? Ce n'était pas courant, certes. Pourtant, le fanalis ne s'en inquiétait aucunement. Du moins, pas pour l'instant.

Alors qu'il regardait longuement devant lui, ses jambes le menèrent à destination. Il observa les alentours, les marchants avaient déjà déserté l'endroit.  Pourtant là, devant-lui, se tenait une boutique encore ouverte. Le rouquin s'approcha lentement, et laissa son regard glisser, quelques temps, sur les marchandises exposées.
Soudain, il fronça les sourcils ; signe de contrariété, vint bouleversé son visage, normalement impassible. Décidément, Sinbad était bien loin d'avoir eu la meilleur idée au monde; après tous, Masrur ne distinguait en aucun cas le Rukh. Comment était-il censé reconnaître l’œuvre de leur ennemis ?

Le rouquin soupira discrètement, et remarqua alors, devant lui une jeune fille ; sans doute la propriétaire.
Peut-être que tout n'était pas perdu après tout.

Masrur observa le visage de la jeune fille, et n'eut aucune difficulté à remarquer son étonnement. Après tout, un fanalis sans laisse- chaîne ne courrait pas les rues de nos jours. Malgré tout, la jeune fille ne s'attardait plus sur son apparence, et agissait désormais en parfaite marchande.

« Bonsoir monsieur, vous cherchez quelque chose en particulier ? »

Elle ne paraissait pas bien méchante. Du moins, pas assez pour faire partie de l'Organisation. Cependant, il était trop tôt, pour le rouquin, de laver tous soupçons à son égard. Car oui, même si Masrur pensait que son roi s'était trompé, le vrai mystère était encore entier.


« Pas en particulier. »


Aussi bavard qu'à son habitude, son regard s'attardait une nouvelle fois sur les reliques. Pourquoi une fille vendait-elle des reliques ? Était-ce de le contrefaçon ou bien faisait-elle bien partie de Al-Thamen.
Alors qu'il se torturait l'esprit, une nouvelle possibilité s'ouvrir. Cette hypothèse paraissait tellement évidente, qu'il n'y avait pas tout de suite songer.
Après tout, de nos jours, tout le monde pouvait se lancer à l'intérieur des donjons ; les femmes, bien que rare, n'était pas une exception.


« Vous êtes entrer dans un donjon ? »


Il plongea alors ses yeux dans les siens, histoire de vérifié l'authenticité de sa futur réponse. Après tout, les humains étaient assez sot pour mentir.

« Excusez-moi, qui êtes vous ? »

Le grand rouquin observa attentivement la jeune femme. A ses yeux, elle était de plus en plus suspecte. Après tout, elle avait éviter de répondre à sa question ce qui indiquait explicitement une certaine connaissance en matière de labyrinthe.
Masrur se frotta légèrement la nuque. Il ne savait pas vraiment quoi lui répondre, ou plutôt s'il devait lui répondre. Normalement, c'était son Roi qui prenait la parole, pas lui. A croire que Sinbad lui manquait un peu...

« Je viens de Sindria. »

Il pensait au moins qu'avec ces quelques mots, il lui en disait pas mal, sans pour autant se présenter. Après tout, qui disait Sindria disait Sinbad. Et qui disait Sinbad... disait donjons, non ? Du moins, c'est le message que le rouquin voulait faire passer.

Le fanalis finit par s'avancer vers les reliques, qu'il n'hésita pas à toucher. Ses doigts caressèrent le métal pendant que ses yeux semblaient vouloir vérifié l’authenticité de l'objet. Cependant, rien. Il en était tout bonnement incapable. Il relâcha alors la relique, et se tourna une fois de plus vers la jeune femme. Maintenant qu'il la regardait d'un peu plus près, il remarqua quelques traits qu'il connaissait bien. Ses cheveux et ce teint... Elle lui faisait un peu penser à Sinbad. Sans doute était-elle du même pays... En tout cas, cela ne lui torturait pas l'esprit.

« … Et vous, qui êtes-vous ? »

Alors qu'il se souvenait de sa présence en ces lieux, son visage se renferma, et ses traits devinrent un peu plus strictes. Après tout, s'il s'agissait bel et bien des reliques de l'Organisation, il n'hésiterai pas à employer la manière forte.