Rafraîchissement

PV Shirin

La journée a été particulièrement longue et s'est avec une joie immense que j'accueillis cette vision paradisiaque d'une cité se dressant au travers de ce sable qui m'avait aveuglé toute la journée. Je n'ai jamais été une voyageuse aguerrie et, bien que j'ai grandie dans une cité désertique, je n'avais jamais eu à subir de longues traversées, à devoir souffrir d'ouvrir mes yeux sur cette immensité lumineuse et aveuglante. Ils auraient pourtant du s'y habituer, tout comme ma peau était devenue de plus en plus dorée au fil des années passant, mais il faut croire que ce n'était pas suffisant pour les épreuves qui m'attendirent par la suite... Mais je ne peux pas me plaindre. Malgré mes quelques péripéties, j'ai réussi à atteindre Qishan en un seul morceau et je vais pouvoir m'y reposer pendant quelques jours en séjournant dans une taverne qui, je l'espère, servira de meilleurs repas que les précédentes.

Fatiguée, une cape de voyage couvrant mon dos et un sac barrant mon épaule, je traverse les rues de cette ville en observant chaque citoyen que je croise, me demandant comment est leur vie ici. Ils semblent plutôt heureux et la cité en elle-même semble prospère. J'ai entendu parler de rumeurs concernant un labyrinthe qui se trouvait ici et qui aurait été conquis, les richesses ayant ensuite été réparties, mais je ne sais pas s'il s'agit simplement de fables... En tout cas, rien ne prouve le contraire pour le moment. Un labyrinthe... Dommage que je ne sois pas arrivée avant pour pouvoir l'explorer. Le suivant sera le bon, j'espère. Je lâche un bâillement peu distinguer et me couvre aussitôt les lèvres, mes habitudes d'autrefois me forçant à devoir bien paraître ayant la vie dure... Mais je ne suis plus une princesse, juste une voyageuse comme une autre... Du moins pour le moment. L'empire Kô est partout et il vaut mieux que je reste prudente, ma fugue a sûrement été vue comme une trahison, mais je n'avais pas le choix, au moins pour mon père...

Soupirant, je presse ma monture pour qu'elle accélère, la tenant à la bride, et me cherche une auberge qui pourra nous héberger convenablement... J'en trouve rapidement une avec écurie et paye pour une nuit, avant de les laisser embarquer la jument entièrement blanche. Puis, la soirée ne faisant que commencer, je ressors et vais me perdre dans un quartier empli de tavernes, bien décidée à me prendre un bon rafraîchissement après cette longue route sous le soleil... J'en trouve une qui me semble convenable, plutôt calme, et y rentre, m'asseyant dans un coin ombragé. Une serveuse ne tarde pas à me demander ce que je souhaite...

« Un thé glacé s'il vous plaît »

Je retire ma cape et m'adosse à ma chaise, observant les alentours d'un air curieux, tentant d'écouter les conversations voisines pour en apprendre davantage sur ce pays, même si je ne serais que de passage...

• [PV Akali East] •

Ce voyage commençait sérieusement à me taper sur les nerfs. Bien que je sois une habituée des voyages, des explorations et des découvertes, je n'aimais pas être baladée dans tous les sens et prise pour une idiote.
                   Notre but premier était de faire des recherches sur les Donjons du nord du continent, mais quoi que l'on faisait, on ne trouvait rien. Les seules personnes que nous avions rencontrées dans les trous perdus du désert étaient soit des idiots incultes ne cherchant qu'à obtenir une récompense, ou des brigands de seconde zone voulant nous détrousser. Évidemment, aucun de ces deux types n'arrivaient à obtenir quoique ce soit de notre part. Je perdais rarement mon temps avec ce genre d'énergumènes. Si ils ignoraient les paroles, ils goûtaient au fer.
Le reste de la troupe ruminait : nous avions parcouru une trotte sans jamais rien trouver, à part du sable. Celui-ci regorgeait de scorpions et autres animaux, et virevoltait dans nos yeux. Bien qu'habituée aux déserts, je n'aimais jamais y rester longtemps.
                Mais le plus fatigant était sans doute la nature de nos montures : les chevaux et les mules n'étant pas adaptées à la traversée des déserts, nous avions dû nous rabattre sur des chameaux. Autant dire que ce n'était pas les bêtes les plus adorables que j'aie rencontré. Disons que...leur puanteur et leur capacité à faire le contraire de ce que l'on dit, et de provoquer des maux de dos et des crampes partout, n'aidaient pas à les apprécier. Ramsès s'était longuement plaint. Même Hamilcar, grand Fanalis calme et taciturne, avait du mal à cacher son agacement, qui ne faisait que croître à chaque remarque du mercenaire d'Heliohapt. Même si je les appréciais et que c'étaient des guerriers talentueux, mes contractants me tapaient parfois vraiment sur les nerfs. De vrais gamins butés.
               
                  Alors, lorsque j'ai vu la ville de Quishan se dessiner à l'horizon, j'ai éprouvé un réel soulagement. Cette oasis possédait autrefois un Donjon, mais il avait été résolu. Peut-être que je n'y trouverais rien sur les Labyrinthes, mais au moins, j'y trouverais de quoi bien dormir et nous reposer.
                  Après avoir arpenté les rues, à la recherche d'une écurie et d'une auberge, je finis par trouver une taverne potable et calme, pouvant héberger quelques montures.
Nous y entrâmes, retirant nos capes et turbans, avant de tous nous assoir à une grande table dans un coin et de commander du thé à la menthe.  Après après avoir écouté leurs broutilles parlant de chameaux et de scorpions, je finis par aborder le principal sujet : les Donjons.

- Il semblerait qu'un Labyrinthe serait apparu dans le désert, chuchotais-je pour que personne ne nous entende, même si il y avait peu de monde. Les habitants du coin ne connaissant pas grand chose, nous avons peu d'informations : certains parlent juste d'un tremblement de terre et de grosses tempêtes de sable.

               Hamilcar opina du chef, Ramsès s'affalant dans sa chaise. «Et ? On fait quoi du coup ?» demanda t-il d'un air sarcastique. Je soupirais d'agacement. Un vrai gosse...

- On continue. Même si on l'avait trouvé, on aurait attendu de toute façon. On ne doit pas être les seuls à avoir eu vent de ces rumeurs. D'autres viendront. Tu te souviens de Sitri, notre deuxième Donjon ? Si on n'avait pas réfléchi ni attendu un peu, si on ne s'était pas renseignés, on serait tous morts : on aurait jamais su quelle stratégie adopter. Si on laisse des aventuriers y aller, ils se feront massacrer, certes, mais du coup on saura quoi faire et le genre de pièges que l'on devra éviter.

                Le mercenaire se renfrogna, et Hamilcar me fit un signe imperceptible du menton. Il m'indiqua un point derrière moi. Je me retournais discrètement, avant de constater mon erreur. J'aurais dû parler encore moins fort : dans le coin de la pièce, cachée dans l'obscurité, était assise une personne que je n'avais pas vue. À cette distance, elle devait nous avoir entendu.

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Rafraîchissement

PV Shirin

De longues minutes passent et rien d'intéressant ne se fait entendre. Quelques voyageurs fatigués qui discutent de leurs déboires respectifs, des habitants qui partagent un verre et parlent de leur quartier et même un éleveur se plaignant d'une créature qui mangerait ses bêtes... Des conversations comme on en entend dans tous les pays, des banalités, le quotidien du peuple... Je fais pourtant parti de ce peuple, mais je m'y sens tellement à part, tellement loin de toutes leurs préoccupations... Je n'ai que la vengeance et la quête du pouvoir en tête. Je ne sais pas si cela changera, si je trouverais une terre accueillante dans laquelle j'arriverais à me refaire une vie; en attendant mes seuls alliés sont mes poignards et mon poison. Ils ne m'ont jamais déçus jusqu'à maintenant, contrairement à la plupart des hommes que j'ai croisé... Même si tous ne sont pas ainsi, je le sais très bien. Il y a tant de personnes qui valent la peine dans ce monde, il s'agit juste de les trouver. Je soupire et glisse une main jusqu'au collier qui m'enserre le cou. Le seul bijou de valeur qu'il me reste. Après m'être sortie de la servitude imposée par cet esclavagiste, je me suis retrouvée sans le sou... Heureusement j'avais pu récupérer tout ce que je portais, dans le coffre de ce soi disant maître, et j'ai tout revendu dans une autre ville afin d'avoir des économies. Il m'en reste une quantité suffisante, heureusement... Ce collier appartenait autrefois à ma mère, je ne veux pas m'en séparer, c'est la seule chose qui me reste d'elle, avec mon tatouage.

Nouveau soupir. Je ne sais pas si je vais apprendre quelque chose d'intéressant ce soir, même si il est encore tôt... Dans tout les cas, je dois attendre mon thé et en profiter. J'ai soif à force d'attendre et la simple pensée de ce thé glacé regorgeant de glaçons me ferait presque saliver... D'ailleurs la serveuse ne tarde pas à revenir et me pose le verre. Je la remercie d'un hochement de tête et en boit une gorgée avant de m'immobiliser dans mon geste, un groupe venant d'entrer dans la taverne. Ils ressemblent à des marchands, peut-être une caravane en escale ici... Peut-être auront-ils entendus des rumeurs plus intéressantes ? Je tend l'oreille tout en sirotant mon thé glacé, tentant d'être discrète, même si je sais que ce n'est pas ma spécialisé. Dire que l'on me surnommait la Vipère Aspic à la maison... Ce n'était vraiment pas pour mes capacités de discrétion, je le sais bien.

Ils sont un peu loin, mais j'arrive quand même à entendre des brides de conversation... Et ça parle labyrinthes. Je hausse un sourcil, l'air intéressé et tente d'écouter un peu plus précisément ce qu'ils ont à dire... Mais à cette distance ce n'est pas chose aisé. C'est alors que la femme arrête de parler et tourne légèrement la tête... Un bref instant, nos regards se croisent. Suffisamment pour que je comprenne qu'ils m'ont détecté. Bon, inutile de jouer l'espionne plus longtemps hein... ? Ce n'est pas comme si j'attentais quelque chose contre eux. Peut-être qu'en jouant la carte de la franchise ils ne me rejetteront pas... Sinon je m'en remettrais. J'attrape alors mon verre et me glisse jusqu'à leur table, tirant une chaise pour m'asseoir près de cette femme, qui semble être celle qui dirige.

« Vous parliez labyrinthe ? »

Je crois que de toute ma vie, je n'avais jamais fait aussi direct que ce soir. Comme on dit, ça passe ou ça passe. En attendant, je me bois une gorgée de thé, paisible.